Bien que je l’avais déjà utilisé auparavant, c’est en 2001 que j’ai vraiment découvert le crayon de couleur. C'est réellement à ce moment que j'ai réalisé toutes les possibilités incroyables qu'il offre. En fait, c’est mon fils cadet qui en est la cause et je l’en remercie grandement. Il voulait offrir une carte de souhait à son parrain pour sa fête. Il a tout d’abord demander à sa mère de l’aider à en dessiner une. Elle lui a aussitôt répondu, " demande à ton père, c’est lui l’artiste il pourra sûrement t'aider beaucoup mieux que moi". J’ai donc à sa demande sorti les crayons de couleur, et tout en l’assistant j’ai commencé à dessiner de mon côté. Il a dessiné pendant une heure et j’ai continué pendant quatre heures de plus. J’ai d’ailleurs gardé ce premier dessin qui m’a donné la piqure. Car j’ai continué depuis à pratiquer le dessin avec le même genre de crayons, mais de qualité professionnelle. Je dois avouer et vous pouvez le constater par vous-même en regardant la photo ci-dessous qu’il n’était pas très bien réussi, mais peu importe, c’est celui-ci qui m’a donné le coup de départ. Il gardera donc je vous assure une place particulière dans mes souvenirs. C'est en quelque sorte la fondation même de ma démarche artistique.
J'éprouve tellement de plaisir à réaliser différents tableaux sous ces mines de couleur. C'est à chaque fois un nouveau défi. À partir de photos prises à différents endroits lors de voyages à l'étranger ou au Québec je pose sur papier la vision que j'en ai. Avant de procéder je dois regarder la photo à plusieurs reprises afin de m'en imprégner et de mettre en place le regard qui s'en dégage. Ça peut durer de quelques jours à quelques semaines. Il m'arrive d'avoir une certaine appréhension en entreprenant le travail et de vouloir laisser tomber. Mais la plupart du temps je me reprend et je complète l'oeuvre. Ça peut sembler bizarre mais une fois le tout terminé j'ai un peu l'impression que ce n'est pas moi qui l'ai fait. C'est comme si tous les mouvements de crayons qui ont permis sa réalisation avaient été oubliés et qu'il n'en restait que la finalité.
Enfin, je n'ai aucun regret d'avoir adopté ce médium si simple et pas moins efficace dans son rendu final. Trop souvent le crayon de couleur est perçu comme un médium pour enfants, ou tout ou moins pour les débutants. Il possède pourtant un potentiel extraordinaire d'une classe à part. Il s'apprête tout aussi bien au portrait qu'au paysage ou à toute autre catégorie. Il n'en tient qu'à l'imagination, la détermination et l'effort que consacre l'artiste pour arriver à réaliser de véritables chefs-d'oeuvres. Si vous vous mettez à chercher sur le web, vous y découvrirez plusieurs grands maîtres qui réalisent des oeuvres d’une splendeur étonnante. Le résultat est différent j’en conviens, mais certes pas moindre pour autant. À mon avis il mérite assurément sa place sur le marché de l’art. Il va de soi qu’il faut choisir des crayons de qualité professionnels, pour obtenir un résultat satisfaisant. De même qu'un papier approprié et sans acide, sinon il jaunira avec le temps, il perdra de sa lumière et par le fait même de sa beauté. J'ajouterais qu'il faut de la patience car c'est un médium très capricieux qu'il faut traiter avec beaucoup de douceur. L'empressement ne peut que mener à l'échec, car chaque trait erroné est quasi un non retour puisqu'on ne peut effacer. Ou du moins très peu.
Bien qu'il y ait peu de documentation à son sujet parlons tout de même un peu de son histoire. Je ne suis évidemment pas un spécialiste en la matière, mais j'ai pu en naviguant sur le web récolté ici et là quelques bribes d'informations le concernant. Commençons par le crayon graphite qui a précédé celui de couleur. Il a été selon certaines sources mis au point par l'autrichien Joseph Hardtmuth et le chimiste français Nicholas-Jacques Conté entre 1792/1794. Ce dernier mélangea du graphite moulu très fin avec de la poudre d'argile, en fine pâte qu'il compressa en mines, les fit séchés et les mit au four. En variant le temps de cuisson, la température, et la proportion argile/graphite il obtint ainsi des mines de diverses duretés. Conté définit une échelle de dureté en chiffres de 1 (le plus doux) à 5. Le crayon de couleur fit son apparition plus tard.
Différent du crayon graphite, celui-ci est constitué à base de cire ou d'huile et contient des proportions variables de pigments, d'additifs et d'agents liants. Les crayons à la mine sont classés selon leur dureté (H, HB, B), alors que les crayons de couleur sont plutôt tendres et n'ont pas de chiffres liés à la dureté. Comme dans le cas du crayon graphite, il n'y a pas d'information très précise concernant son invention. Même si le nom Staedtler apparaît dans des documents historiques où il est dit que '' C'est en 1834, un an avant la fondation de l'entreprise, que Johann Sebastian Staedtler a déjà développé un crayon pastel à l'huile de couleur qui pouvait être taillé en pointe comme un crayon, soit l'un des premiers crayons de couleur ''. C'est à peu près le plus que j'en sais suite à ma recherche.
Voici une vidéo dont je trouve très intéressante qui nous montre comment on fabrique les crayons de couleur.
J'espère que cette vidéo vous a plue et qu'elle vous a permis de mieux comprendre tout le cheminement de ce petit outil si simple que la plupart d'entre nous ont utilisé à l'école. C'était tout à fait formidable lors de notre enfance et ça peut aussi l'être même à l'âge adulte. C'est une expérience qui en vaut la peine et dont je vous invite à faire. Peut-être qu'elle vous amènera à découvrir en vous un talent caché et peut-être aussi une passion pour ce médium trop mal connu.
Ce qui me plaît dans ce médium c’est que lorsqu’on arrive à bien le maitriser, il est d’une précision incontestable et permet de produire un rendement d’un réalisme exceptionnel. Puis contrairement à la plupart des médiums plus conventionnels, ça ne nécessite guère une grande préparation pour se mettre au travail. Même si je n’ai que dix ou quinze minutes à consacrer, je peux m’approcher de mon dessin et m’avancer sans aucun problème. De plus je peux le pratiquer presque n’importe où. Il est propre au point où on peut même dessiner en costume de soirée sans se salir. Sans compter que ses couleurs offrent une luminosité remarquable. On peut dire aussi que mis à part l'encadrement son coût est très acceptable. Comme rien ne nous oblige à encadrer immédiatement, il est possible de produire et de remettre cette dépense à plus tard. Pour toutes ces qualités que je lui attribue, j’ai l’intention de faire ma part en persistant à le faire connaître. À donner aussi le goût à d'autres d'en faire usage. Je crois sincèrement qu’il mérite d’être connu et reconnu à titre de médium de qualité professionnelle, si bien sûre il est utilisé par un artiste qui en a la maitrise et qu'il offre des oeuvres dignes d'être exposés et mises en vente.
Je dois vous dire qu'à chaque fois que je participe à un symposium, il y a toujours des gens qui viennent me voir travailler. Ils sont là debout m'entourant et ils observent pendant plusieurs minutes et semblent très étonnés. À chaque fois ils me disent à quel point ils sont impressionnés et qu'ils n'en reviennent pas de voir ce qui peut être fait avec de simples crayons. Ils réalisent que bien qu'ils en ont fait usage au cours de leur enfance, jamais ils n'avaient vu le potentiel qu'il offrait et qu'ils n'auraient jamais cru qu'on pouvait réaliser des oeuvres qui peuvent rivaliser sans problème avec tous les autres médiums.
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